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arrangement.
« Madame, me répondit-il, votre réputation y est trop
intéressée, pour que je ne le désire pas.
« Voilà qui est admirable, m écriai-je; il va me prouver
que je dois manquer de vertu, afin que l on m en croie.
« C est, me dit-il, la façon la moins pénible, et peut-être
la plus sûre de se faire estimer; si nous cessons de nous voir,
on sera convaincu que nous nous sommes vus comme
amants, et si nous nous voyons toujours, on se persuadera
que nous ne pouvons nous voir que comme amis.
« Mais il me semble, lui répondis-je, qu entre homme et
femme, on ne croit guère à l amitié.
« Du moins, reprit-il, vous y croyez, madame.
« Comme cela, lui répliquai-je.
« Comment, s écria-t-il, serais-je assez heureux pour
que vous ne fussiez pas mon amie?
« Voilà un bonheur d une nouvelle espèce, lui dis-je.
« Madame, poursuivit-il, cela en serait bien plus tendre.
« Vous êtes insupportable avec vos conséquences, lui
repartis-je d un air embarrassé.
« Me défendrez-vous toujours de revenir, me dit-il d un
ton languissant?
« Alménidore, lui répondis-je, en portant ma main sur
mes yeux, que vous connaissez bien mon faible!
« En cet instant nous nous tûmes, et nous nous
regardâmes; il tourna la tête du côté de la porte, apparemment
pour savoir si elle était fermée, et par bonheur, Célénie
l ouvrit et vint nous interrompre.
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Vous ne disiez plus rien, dit Aldine à sa mère, comment
vous interrompit-elle?
« Ma fille, lui répondit Zélamire, vous éprouverez peut-
être un jour que dans un tête-à-tête on n est jamais
interrompu davantage que lorsqu on ne dit rien.
« Je ne pus pas douter de mes sentiments pour
Alménidore, et je m y serais livrée de plus en plus, si l on ne
m eût pas avertie que cette Célénie, que je croyais mon amie,
était ma rivale, et ma rivale préférée : on m offrit de m en
convaincre, j eus la faiblesse d y consentir; on me cacha dans
l appartement même de Célénie : elle ne fut pas longtemps
sans y venir avec Alménidore; la conversation ne fut pas
longue : je le vis dans les bras d une femme qu il déchirait si
cruellement en ma présence. À ce spectacle, je pensai
m évanouir; ma fureur seule m en empêcha. J entendis le
perfide me donner cent ridicules, et surtout me plaisanter sur
ma crédulité; ma rivale faisait à chaque instant de grands
éclats de rire, il n y avait que la joie qui interrompait le
plaisir, J eus la patience de les laisser sortir; je me crus
corrigée, je n étais qu humiliée : je bannis Alménidore sans
retour; il m avoua qu il n avait aucun goût pour Célénie; et il
ne se justifia qu en me disant que c était une femme qui lui
faisait du bien. Ce fut alors que j appris, pour la première
fois, que l argent supplée souvent aux charmes; je sentis
qu on doit plaindre les femmes qui en donnent, et mépriser
celles qui en reçoivent; je quittai mon système de sentiment
pour trouver le bonheur; mais je ne sus comment le
remplacer, et je fus incertaine si je me ferais dévote ou bel
esprit : car il n y a personne qui tous les ans n ait le choix
d une réputation nouvelle.
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« Une femme de notre voisinage qui était sage avec éclat,
et tendre avec mystère, pensa m attirer dans son parti; elle
avait été assez belle, pour avoir été trompée dans sa jeunesse
par plusieurs agréables; après en être devenue la fable, elle
s en était détachée, et avait fait les honneurs de sa nation à
quelques ministres étrangers, qui l avaient trouvée fort
étrange : de là elle s était retirée dans une province, où elle se
livrait à des officiers subalternes, qu elle entrelardait
pieusement de quelques bêtes à froc; car dans tous les temps
les moines ont été les troupes auxiliaires des femmes
dérangées; elle me confia tous ses secrets, et m avoua
ingénument qu il n y avait que les révérends pères qui
eussent pu la fixer. Cela ne m étonna point; elle n était plus
jolie, et quand une femme est changée, elle cesse d être
changeante.
« Je ne me trouvai point assez voluptueuse pour me faire
dévote, je me décidai pour le bel esprit; je vis bientôt que
c est un état dans le monde : j examinai les ouvrages de la
plupart de ceux qui avaient examiné mes actions; je fus
recherchée, considérée, citée; on vanta mes jugements, et
jamais mon jugement; à la fin je m ennuyai de ne voir que
des beaux esprits, qui très souvent manquaient d esprit : je
crus que je trouverais plutôt le bonheur avec des gens
aimables; je voulus les attirer, je voulus les séduire; et sans
m en apercevoir, je donnai dans la coquetterie; j éprouvai
que c est un chemin où l on trouve des fleurs et point de
fruits : on marche toujours, l on n arrive jamais, et la
réputation y fait naufrage en pure perte; je fus bien
convaincue que ce n était qu un plaisir de dupe.
« On ne se corrige que par les extrêmes, je voulus être
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réservée, et je fus prude; je me mis entre les mains d une
petite femme qui avait un air sec, un teint pâle et une voix
aiguë. Elle m assura qu elle avait trouvé le bonheur; j en fus
surprise, je me défiais un peu du bonheur d une femme sans
rouge. Cependant je demandai en quoi il consistait. Dans la
vertu, reprit-elle avec un ton suffisant; venez chez moi, liez-
vous avec mes sociétés, vous y trouverez cette Félicité qui
vous est inconnue. Je la suivis, et je m en repentis; je me
trouvai confondue avec un amas de commères, qui avaient le
maintien droit et l esprit gauche, vives par tempérament, et
bégueules par décence; elles prononçaient le nom de vertu,
même en s y dérobant; elles succombaient plus au danger de
l occasion, qu au charme du penchant; mais leur faiblesse
passée, elles reprenaient leur fierté pour en accabler
froidement celui qui venait de la faire disparaître. Je renonçai
à ce bonheur, je m étais ennuyée de la coquetterie, qui est
une fausseté gaie; je fus révoltée de la pruderie, qui est une
fausseté triste et tracassière : car la tracasserie n habite que
chez les prudes et chez les grands.
« Je m étais si souvent trompée que je ne sus plus à quoi
me déterminer : rien n humilie tant la vanité que les méprises
de l amour-propre. Je tirai cependant un jugement favorable
de ce qu aucune de mes fautes n avait pu me plaire : on n est
jamais sans espérance de trouver la vérité lorsqu on n a pas
rencontré une erreur qui contente. Je voulus essayer de vivre
plus en société avec votre père : il s y prêta avec assez de
grâce; il ne vécut avec moi ni comme mari ni comme ami,
mais comme une connaissance aimable; nous ne nous
estimions pas assez pour vivre ensemble : il me disait des
choses galantes, qui cependant n avaient aucun objet; en un
mot il se conduisait comme un homme qui n a ni droits ni
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prétentions. Je me souviens qu un jour il me trouva lisant une
brochure intitulée Le je ne sais quoi.
« Je connais cet ouvrage, me dit-il; l auteur y fait un
grand éloge de ce je ne sais quoi, et l auteur a tort; le je ne
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