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les remettre en ordre sans plus attendre.
Alain (Émile Chartier), Le citoyen contre les pouvoirs (1926) 104
Le bourgeois est tout en précautions et respects son travail est de persuader et de
plaire. Son premier souci est de ne pas déplaire. D'où vient que ses pensées sont for-
mées d'abord de cette attention continuelle de l'ordre humain, ordre capricieux qui ne
rend nullement en succès l'équivalent du savoir et du travail. C'est ici le royaume de
la bonne chance et du miracle. Les choses sont vues à travers ce brouillard humain ;
ce qui fait qu'il reste toujours, dans les idées d'un tel homme, une certaine couleur de
religion. Au reste c'est toujours par là que nous commençons, puisque l'enfant attend
d'abord tout des hommes ; mais la pensée bourgeoise mûrit plus lentement que toute
autre ; c'est comme une enfance continuée. La poésie en témoigne, qui, dans ses
meilleures inventions, a souvent quelque chose de puéril.
Il y a pis ; et les bourgeois, dès qu'ils pensent en cercle, arrivent promptement au
lieu commun, sans pensée aucune, par cette crainte de déplaire qui est au fond de la
politesse. En pensant à ces assemblées de timides, qui parlent comme on chante,
attentifs à l'air et aux paroles, Stendhal a pu écrire ce terrible mot : « Tout bon
raisonnement offense. » L'invention se meut alors dans le Bel Esprit, que l'on ose
appeler l'Esprit tout court, et qui est l'art de donner aux idées reçues l'apparence de la
jeunesse. Encore est-ce un jeu dangereux. La prudence ramène chacun aux formules
consacrées. Il faut parler alors comme on danserait. Et c'est par là qu'il faut com-
prendre l'immobilité conservatrice ; les intérêts n'y jouent pas autant que la politesse.
Et c'est ce qu'il faudrait d'abord comprendre. Qui ne comprend point s'irrite. Qui
s'irrite frappe à côté du clou.
Alain (Émile Chartier), Le citoyen contre les pouvoirs (1926) 105
Le citoyen
contre les pouvoirs
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Alain (Émile Chartier), Le citoyen contre les pouvoirs (1926) 106
Le citoyen contre les pouvoirs
a) L'inégalité vient des guerres.
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Tous les ambitieux aiment la guerre. Là-dessus ils ne font point de faute, et se
reconnaissent très bien entre eux, comme par un mot de passe. Le moindre candidat à
l'Académie sait très bien ce qu'il faut dire sur ce sujet, et ce qu'il ne faut jamais dire.
C'est qu'aussi il n'y a qu'un pouvoir, qui est le militaire. Les autres pouvoirs font rire,
et laissent rire. Un riche ne peut rien, Qu'il essaie seulement de donner un ordre à son
cuisinier ; j'entends un de ces ordres qui offensent, par l'imprévu, par le mépris des
usages, par le ton ; le cuisinier répondra en roi, sans aucun risque. L'inégalité ici n'est
que d'apparence ; elle est prévue par le contrat ; mais le contrat lui-même, qui enfer-
me l'obéissance, est aussitôt rompu par le refus d'obéissance. Le maître peut chasser
son cuisinier, et le cuisinier peut chasser son maître. Cette condition étonne toujours
le maître, dès qu'il y pense.
On entend, à ce sujet, des déclamations faciles, mais abstraites. Il est vrai en gros
que ceux qui n'ont point d'argent doivent obéir à ceux qui en ont. Voilà donc un
troupeau d'esclaves, et Plutus les mène au fouet ; mais il n'y a point de fouet. Allons
au détail, nous voyons que chacun des esclaves change aisément de maître, selon que
l'humeur le conseille ; cette seule idée adoucit l'humeur, et donne patience aussi bien
à l'un qu'à l'autre. Sans compter que les travailleurs, pris en masse, ont des moyens
irrésistibles de prélever sur les profits, dès que l'heureuse paix dure quelque temps ;
tout conspire alors contre le maître ; c'est pourquoi cet état de paix se définit par ce
que le maître n'aime point, à savoir une police moins hardie et moins tracassière, des
Alain (Émile Chartier), Le citoyen contre les pouvoirs (1926) 107
pouvoirs mieux contrôlés, une armée moins nombreuse, la liberté enfin de s'assem-
bler, de parler, d'écrire. Maintenant, comment l'état de guerre, ou seulement la
menace de guerre, affermit les pouvoirs, enfle les profits, ajourne les revendications,
enhardit la police, c'est ce que nous avons pu voir. L'esprit le plus obtus, s'il ne
comprend les causes, éprouve du moins les effets. D'où ce puissant instinct qui
pousse les Grands Bourgeois à accepter la guerre, à ne jamais chicaner sur les
occasions ni sur les moyens de guerre, enfin à y jeter leurs fils. Les femmes oisives,
brillantes et parées, ne s'y trompent point ; chacun a observé de ces visages
inflexibles. C'est qu'il faut renoncer au pouvoir, ou le payer ce qu'il coûte ; elles
n'hésitent point.
L'avare serait pacifique, car il risque beaucoup aux guerres ; et l'avare n'est pas le
même homme que l'ambitieux ; c'est pourquoi je ne dirais pas que le Capitalisme est
la cause des guerres ; cela est abstrait. J'aimerais mieux dire que les guerres aggra-
vent, entretiennent, renouvellent l'inégalité de toutes les manières. Aussi n'importe
quel privilégié sent bien qu'il faudra quelque massacre de nation à nation pour
restaurer un état des choses en soi impossible, et qui, dans le moindre retour de paix,
s'en va toujours croulant. Chacun a pu observer ce paradoxe que l'idée même de la
paix perpétuelle irrite. Mais qui irrite-t-elle ? Observez ceux et celles qui déclament
contre l'égalité, contre la coalition ouvrière, contre les prétentions des employés et
des domestiques. Observez aussi ceux et celles qui déclament contre l'Allemand,
bientôt contre l'Anglais, toujours pour la guerre et toujours contre la paix. Ce sont les
mêmes ; et le ton est le même.
Alain (Émile Chartier), Le citoyen contre les pouvoirs (1926) 108
Le citoyen contre les pouvoirs
b) L'exécutif est prudent par force.
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Notre politique intérieure offre un spectacle inattendu. Cette Chambre 1 résume en
ses puériles idées, comme en ses passions déréglées, un régime de despotisme, de
basse police, de délation, de proscription, de prodigalité, couvrant comme d'un man-
teau une misère héroïque. Comme un roi qui a coutume de se mentir à lui-même.
Mieux encore qu'un roi ; ce roi a beaucoup de têtes : les flatteries et les opinions
agréables sont réellement échangées ; chacun y est roi et courtisan. Convulsion,
caprice, aveuglement. Mais les mSurs et l'esprit public ne se reconnaissent nullement
en cette peinture décorative, brossée pour de courtes réjouissances et qui étale vaine-
ment ses couleurs brutales. Cette Chambre règne et ne gouverne pas. Ses ministres,
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